Pour créer une activité, si la motivation est essentielle, elle ne suffit évidemment pas. L’étude de marché, la formalisation d’un business plan, la connaissance du territoire d’implantation, le financement, la communication sont indispensables à la transformation d’une idée, même géniale, en projet entrepreneurial viable. Enzyme permet chaque année à 8 porteurs de projet d’acquérir ces compétences. Un incubateur de plus dans le paysage rennais ? Certes, mais avec une spécificité : Enzyme est dédié aux aspirants entrepreneurs qui veulent développer un projet à impact positif en territoire rural. « Par impact positif, on entend une activité qui va contribuer à une société durable et responsable », explique Anaïs Guéguen, cheffe de projet incubateurs. « On va prendre en compte le nombre de personnes concernées par cette activité, son impact sur l’environnement, les coûts évités pour la société, les emplois générés… »
Incubateur de sens
Enzyme s’adresse à tout porteur de projet qui se reconnaît dans ces missions, sans préalable d’âge, de parcours, de formation. « Les personnes accompagnées portent, comme nos équipes, des valeurs engagées. Elles défendent des projets de vie autant qu’économiques. Nous accueillons des humains, plus que des projets », sourit Anaïs. « Nous venons d’ailleurs d’adopter une nouvelle baseline qui nous définit bien : « Enzyme, incubateur de sens ». L’accélérateur est implanté au sein de The Land, écosystème «atypique et innovant, lieu d’enseignement, de réflexion, de création, de culture »au service du développement des nouvelles ruralités.
Les 8 candidats retenus vont bénéficier pendant 9 mois d’un accompagnement poussé, destiné à « trouver la meilleure voie pour leur projet, sans occulter la réalité économique », dit la cheffe de projet. « Le rôle de l’incubateur est de faire émerger les possibilités, mais aussi de montrer les impasses. Grâce à Enzyme, les entrepreneurs ne se lancent pas sans filet. » L’accompagnement est totalement gratuit, grâce au financement de mécènes comme le cabinet expert comptable Cerfrance-Brocéliande.
32 projets accompagnés depuis 4 ans
Agriculture, agro-alimentaire, services, culture, aménagement du territoire, environnement…Les projets incubésdepuis la création d’Enzymesont variés. Des exemples ? « Réso’Forces, qui accompagne les personnes touchées par une longue maladie vers un retour à l’emploi, est aujourd’hui hébergée sur le campus après avoir été accompagnée », cite Anaïs. « My Ker est un dispositif accueillant les jeunes porteurs de troubles de l’humeur. Hélène, chercheuse en biologie, a créé à Chateaubourg Arbr’enVie, une pépinière d’arbres fruitiers bio adaptés aux sols et au climat. En Bretagne romantique, Loutipi propose la location d’hébergements nomades, notamment des vans électriques. »
Rennes et sa métropole, riches de projets sociaux innovants
Des porteurs de projet appelés à réoxygéner les territoires ruraux, et un incubateur localisé à Rennes : n’y a-t-il pas contradiction ? « Non », estime Anaïs. « Enzyme fait partie de The Land, implanté à Rennes depuis l’après-guerre. Il y a un historique. De nombreux projets en Économie Sociale et Solidaire naissent en métropole rennaise. Les pôles de l’ESS y sont très développés, le tissu associatif y est important. Le territoire est riche de projets sociaux qui apportent des solutions innovantes, Enzyme fait partie et se nourrit de cet écosystème. Et puis Rennes est facilement accessible en transports en commun : c’est idéal pour nos porteurs de projet incubés, qui viennent de tous horizons. »
* Nouvelle orthographe pour EnZHyme qui devient Enzyme.
(Propos recueillis Béatrice Ercksen. Photo de Une : Enzyme ©The Land – Samy Jourdan)