Une minute. C’est le temps qu’il faut pour obtenir l’analyse de votre course une fois que vous l’avez filmée avec votre smartphone. Une minute pour comprendre votre technique de course, connaître vos forces et vos faiblesses, et vous permettre de corriger ces dernières. L’objectif ? « Courir avec une bonne technique, sans se blesser, améliorer ses performances et prendre un maximum de plaisir » sourit Perrine Chapot, biomécanicienne en chef d’Ochy.
Celle qui est également cofondatrice de la startup parle en connaissance de cause : ancienne athlète de haut niveau spécialiste du 400 mètres, comme son époux Khaldon Evans*, cette kinésithérapeute de formation spécialisée en biomécanique connaît les conséquences d’une mauvaise posture. « Nous avons créé cette solution d’abord pour nous », explique-t-elle. « Tant que nous étions dans le circuit professionnel, nous pouvions bénéficier d’analyses biométriques en laboratoire équipé de tapis de course, de caméras, de capteurs. Quand nous avons arrêté le haut niveau, nous n’y avons plus eu accès pour des raisons budgétaires. Pourtant, lorsque j’ai repris la course après deux grossesses, j’aurais eu besoin de ces données pour m’y remettre dans de bonnes conditions. » C’est là que l’idée a germé. « Nous nous sommes filmés devant chez nous et j’ai analysé les vidéos. Ça a été le départ de notre aventure entrepreneuriale. »
Un départ au top
Ces débuts « artisanaux » paraissent déjà bien loin. En partenariat avec l’université de Suffolk et l’institut de Recherche Technologique b-com, des années de R&D ont permis de mettre au point un outil qui s’appuie sur l’IA et sur un algorithme biomécanique pour analyser le corps et la forme de course, via des points de captation. Au-delà du constat, il propose « un plan d’exercices personnalisés pour auto-corriger ses erreurs et ainsi gagner en efficacité », explique Perrine. Lancée en 2021, l’application séduit autant les coureurs amateurs que les athlètes, autant les coachs que les professionnels de santé : 23 000 personnes l’utilisent dans 121 pays, notamment anglophones. « Les JO devraient inciter les jeunes Français à se mettre au sport », espère la cofondatrice d’Ochy. « Notre application peut les aider à le faire dans de bonnes conditions. C’est un outil qui plaît parce qu’il est ludique et technologique, c’est un atout pour les entraîneurs. »
« On se sent bien à Rennes »
Et Rennes dans tout ça ? Pourquoi avoir créé Ochy dans la capitale bretonne ? « C’est un heureux hasard », dit Perrine. « J’ai rencontré Khaldon, qui est Jamaïcain, sur le campus américain où nous étions étudiants. Nous sommes venus en Europe lorsqu’on m’a proposé de travailler pour des cliniques d’analyses biomécaniques au Luxembourg. J’ai ensuite créé deux cliniques à Nice, d’où je suis originaire. Puis Khaldon a été muté ici, à Rennes, où nous nous sommes installés il y a 8 ans. Ochy est née ici, et on ne pouvait pas rêver meilleur endroit pour créer une startup : on a bénéficié d’un accompagnement au top. »
Sans cet environnement bienveillant, Ochy n’aurait pas connu un tel départ et ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui, forte de 10 collaborateurs. « Nous avons été incubés au Poool, qui nous suit depuis nos débuts. Nous avons ensuite intégré Novapuls, puis le Village by CA qui nous héberge toujours. La Région Bretagne nous a formidablement soutenus, nous avons obtenu des fonds qui nous permettent d’avancer. Ce n’est pas le cas dans toutes les régions, où les startups ont souvent des difficultés à se développer. » Côté vie familiale, le baromètre est aussi au beau fixe : « Rennes est idéale pour élever nos filles », estime la Rennaise. « C’est un bonheur de les emmener à l’école en vélo en toute sécurité ; pour y aller, on passe sur le canal, nos enfants sont ravis de voir les canards… On se sent bien à Rennes, on a envie d’y rester. »
Devenir LA solution du mouvement
Partie au sprint, Ochy possède les attributs d’un coureur de fond. « On a une longueur d’avance sur la concurrence, pour l’instant cantonnée aux USA pour des sports comme le base-ball et le football américain », dit Perrine. « On a noué un partenariat avec la fédération française d’athlétisme et nous avons vu des athlètes utiliser notre solution en vue des JO. Ce qu’on aimerait, c’est devenir LA solution sur le marché du running -qui englobe tous les sports faisant appel à la course – puis LA solution du mouvement. On a beaucoup de demandes pour des sports comme le tennis, le kayak, l’équitation… ». Présente aux JO de Paris à l’invitation du MEDEF et de SporTech, l’équipe d’Ochy a pu présenter son produit au public au sein du Club France, rencontrer les athlètes et les médaillés du jour. Ochy se prépare à augmenter encore la cadence.
* Ochy compte 3 cofondateurs : Perrine Chapot, Khaldon Evans (PDG), Victor Dequidt (directeur technique).
- Plus d’informations : ochy.io