VitaDX œuvre depuis 2015 au développement d’un outil de diagnostic précoce du cancer de la vessie. La startup s’est posée à Rennes. Elle s’y sent chez elle. Plus un cancer est diagnostiqué tôt, mieux il se soigne, personne ne le discute. « Il est malheureusement difficile de détecter un cancer de la vessie avant qu’il soit avancé ; les cellules détériorées sont alors bien visibles au microscope, explique Allan Rodriguez. Cette méthode, appliquée actuellement, permet de détecter 80 % des cancers avancés, mais seulement 20 % des cancers précoces. » VisioCyt, la solution développée par VitaDX, va changer la donne : « à partir d’un échantillon d’urine, on regarde la forme des cellules, comme ce qui se fait maintenant, et on s’intéresse à leur signature moléculaire en fluorescence : on détecte ainsi 80 % des cancers, quel que soit leur stade.»
L’innovation tient aussi au traitement de l’image, à son automatisation : « la lecture d’une lame de microscope qui accueille parfois plusieurs milliers de cellules est consommatrice de temps pour le médecin. Nous transformons les lames physiques en lames numériques, traitées par une intelligence artificielle. » VisioCyt ne remplace ni le pathologiste ni l’urologue, mais améliore leur travail, les aide à arbitrer : une endoscopie est-elle nécessaire ? « Quand on sait que 80 % de ces interventions sont pratiquées pour rien, on mesure l’intérêt médical et économique de VisioCyt », conclut le CEO.
10 ans de R&D
VitaDX s’est bâtie sur les travaux historiques menés par des structures publiques Kremlin-Bicêtre, université Paris-Sud, CNRS- et les a poursuivis. Cinq ans et trois levées de fonds plus tard, la startup s’apprête à commercialiser la solution qu’elle a développée, dès qu’elle aura obtenu le marquage CE. « Nous sommes plus attrayants maintenant qu’il y a 2 ans, sourit Allan Rodriguez. Il a fallu convaincre les business angels et les capitaux-risqueurs de nous soutenir, de miser sur une innovation certes prometteuse, mais risquée. Nous sommes aujourd’hui près du but. Nous prévoyons un développement international, notamment aux Etats-Unis mais également en Chine où la pollution, le tabagisme et l’exposition à des produits chimiques provoquent de nombreux cancers. »
« On se sent bien à Rennes »
La Bretagne ne faisait pas partie des options envisagées par le dirigeant : « je vivais à Paris, je suis Normand d’origine, il n’y avait aucune raison pour que je passe à l’Ouest ». Mais une rencontre suffit parfois à changer le cours de choses : « avant même de créer VitaDX, j’ai été mis en relation avec l’investisseur brétillien Jacques Le Bozec. Il nous a dit : « je peux vous aider à trouver les financements dont vous avez besoin, mais vous devez vous installer à Rennes, où je pourrai vous être utile. » Il n’a pas failli. Celui qui est aujourd’hui président du CA de la startup active son réseau. « Nous avons reçu un accueil remarquable, bénéficié d’un soutien incroyable de la Région Bretagne, des structures du grand Ouest comme ID2Santé, Atlanpole biotherapies, Images et Réseaux, BPI…se souvient Allan Rodriguez. Nous avons trouvé des interlocuteurs au fait de notre dossier, réactifs, conscients de l’impact de notre activité et de son intérêt pour la région. Notre projet était séduisant, certes, mais sur le papier…On nous a fait confiance. L’installation rennaise est une des meilleures choses qui nous soient arrivées.» Si la startup possède également des bureaux parisiens, « la plupart de nos partenaires stratégiques (laboratoires académiques, avocats, experts-comptables…) ainsi que notre centre de décision sont rennais. On se sent bien ici. » Tellement bien que VitaDX va prochainement y ouvrir un laboratoire, au sein du Biopôle.