Aux Halles en Commun, projet de Territoires pour Rennes Métropole, on trouve désormais « un concentré » des acteurs rennais de l’économie circulaire. 17 exactement : Bâti Récup, Rennes du Compost, En Boite Le Plat, Madeleine Adore, et les ressourceries La Belle Déchette et L’équipière… Nous avons rencontré les représentantes de ces deux ressourceries pour discuter de leurs parcours, de leurs activités et des perspectives d’un nouveau type de modèle économique, plus vertueux.
Aligner ses valeurs et sa vie professionnelle
Julie Orhant a travaillé dans le domaine de la gestion des déchets et de l’économie circulaire pour des collectivités locales avant de fonder La Belle Déchette en 2016, une structure citoyenne inspirée de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). « La Bretagne est idéale pour cela, l’ESS représente 12% de l’emploi breton », explique-t-elle.
C’est en 2020 que Mélanie Voluer a rejoint Estel Rubeillon, fondatrice de L’équipière et ancienne architecte-urbaniste, qui aspirait à « allier esprit d’aventure, réemploi et solidarité ». Mélanie, ex-contrôleuse de gestion, devenue coordinatrice de la ressourcerie sportive, a été motivée par la naissance de ses enfants : « Cela m’a poussé à réfléchir à l’avenir que je souhaitais pour eux ». L’accessibilité est aussi un enjeu primordial pour L’équipière : « Le coût de l’équipement freine la pratique sportive, et un mauvais équipement a des conséquences néfastes sur la santé ».
Tag35, Hôtel Pasteur, BUG, France Active… Un écosystème riche !
Outre les valeurs, les deux recycleries partagent un parcours similaire : elles sont passées par l’Hôtel Pasteur, tiers-lieu d’expérimentation rennais, et ont été accompagnées par TAg35, propulseur d’entrepreneuriat collectif en Bretagne. Elles ont aussi bénéficié, du démarrage jusqu’à aujourd’hui, du soutien de France Active et de l’association BUG.
Pour La Belle Déchette, tout a démarré en 2016 avec la création d’une ressourcerie éphémère à l’Hôtel Pasteur, « Cela nous a donné la possibilité de tester, d’expérimenter, de se tromper aussi ! » explique en souriant Julie Orhant. Tout en gagnant visibilité et en fédérant une communauté de bénévoles. En septembre 2017, une première boutique a ouvert ses portes avant une deuxième, 1 an après, toute deux achalandées par le pôle de la ressourcerie, espace de tri, valorisation et stockage des produits réemployés.
Même parcours, mais à l’inverse pour L’équipière, accompagnée d’abord par TAg35, pour s’installer à l’Hôtel Pasteur à l’été 2021. Sa première boutique est née au nord de Rennes en septembre 2021, dans des locaux fournis par la Ville de Rennes. « Nous y avons passé 2 ans avant d’arriver aux Halles en Commun en août 2023, agrandissant notre surface de vente, notre capacité de stockage et notre équipe », raconte Mélanie Voluer.
Les Halles en commun, « projet démonstrateur de la ville durable »
Ce projet des Halles en Commun de Territoires, quartier La Courrouze, vise à réhabiliter l’ancien site industriel d’Euro Shelter pour accueillir des logements, 10 000 m² d’activités et bureaux, et un pôle d’entreprenariat coopératif d’ici 2026. Pendant la phase d’expérimentation de 3 à 4 ans appelée « urbanisme transitoire », des structures de l’ESS et de l’économie circulaire bénéficient de locaux à faible loyer pour tester leur modèle économique.
Porté par Rennes Métropole et soutenu financièrement par l’Etat et la Banque des Territoires, ce projet est l’un des 38 « projets démonstrateurs de la ville durable » en France. L’objectif est de créer une synergie entre les structures rennaises de l’ESS et de faire des Halles en Commun un bâtiment phare de l’économie circulaire. « Avec la tension immobilière à Rennes, cette opportunité était essentielle pour notre développement » explique Julie Orhant.
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Un modèle « utile au territoire et aux citoyens »
Agrandir ou ouvrir une 2e boutique – dans le cas de La Belle Déchette -, une étape incontournable pérenniser son modèle économique. « 150 m2 ne suffisaient pas à traiter tous les objets récupérés en déchetteries par Rennes Métropole » explique Julie Orhant. Car rappelons la réalité : sans les recycleries, des tonnes – car on parle bien en tonnage – d’objets jetés seraient être enfouis ou incinérés par la collectivité.
Pourtant, la fondatrice de La Belle Déchette a dû surmonter les préjugés liés à l’ESS. « Nous avons dû prouver l’utilité de notre structure et combattre les aprioris selon lesquels une association ne peut pas être autonome et pérenne. Aujourd’hui, malgré un soutien financier public de 20%, notre association créé des emplois – 10 emplois à ce jour – sur le territoire. Elle apporte également une véritable richesse au territoire aussi bien du point de vue environnemental, environnementalement, économique que social ! Elle est utile au territoire et aux citoyens, bien au-delà de la revalorisation des déchets. Nos associations sont de véritables structures citoyennes », ajoute Julie Orhant.
Diversifier ses activités pour enrichir son modèle
Les deux structures diversifient leurs activités : « ateliers de fabrication/rénovation, formations des collecteurs en déchèterie, visites pédagogiques, sensibilisation dans les écoles et entreprises… » détaille la fondatrice de La Belle Déchette, qui fait aussi partie d’un groupe de travail régional sur un jeu de sensibilisation avec le Réseau national des ressourceries et recycleries.
L’équipière développe aussi des activités de sensibilisation au réemploi pour les entreprises et les écoles, sans exclure l’ouverture d’une deuxième boutique. « Beaucoup d’entreprises souhaitent organiser des team building autour de la RSE » constate Mélanie Voluer. « Nous avons donc créé ‘L’Odyssée du sport durable’, un outil ludo-pédagogique sur la transition écologique dans le sport, un thème d’actualité avec les Jeux Olympiques 2024 de Paris. »
Elles réfléchissent aussi à la formation des professionnels du réemploi et à la question de la qualité des produits, qui pénalisent la revalorisation, avec la plateforme expérimentale de Rennes Métropole. Dans le secteur du réemploi et de l’économie circulaire, les défis sont donc nombreux et à la mesure des enjeux.
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Infos pratiques
- Les Halles en Commun, 24 Av Jules Maniez à Rennes. Accès : métro ligne b arrêt Courrouze – 15 minutes en vélo depuis le centre-ville.
- La Belle Déchette – boutique de La Réserve – Les Halles en Commun – 24 Av Jules Maniez à Rennes. Ouverture les mercredis, vendredis (+ jeudis à compter de début octobre) de 11h30 à 13h30 et de 14h30 à 18h30 et les samedis de 13h à 18h30. Dépôts volontaires : mercredis et samedis de 13h à 17h30. La Belle Déchette fait également son inauguration aux Halles en Commun le samedi 14 septembre de 14h à 23h. Une belle programmation en perspective !
- La Belle Déchette – boutique du centre-ville – 25 rue Vaneau (Quartier Bourg L’Évêque) à Rennes. Ouverture les mercredis, vendredis et samedis de 11h30 à 13h30 et de 14h30 à 18h30.
- La Belle Déchette – Atelier – Les Halles en Commun – 24 Av Jules Maniez à Rennes. Utilisation de machines, prototypage, conception, prestation de teambulding et d’actions de sensibilisation au réemploi. Accessible aux particuliers, professionnels, entreprises, collectivités et associations. Pour plus d’informations : www.labelledechette.com et/ou atelier@labelledechette.com.
- L’équipière – Ressourcerie Sportive – Les Halles en Commun – 24 Avenue Jules Maniez, 35000 Rennes. Tél : 07.81.55.61.54. Mercredi et vendredi de 11h à 13h30 et de 14h30 à 18h30 et le samedi de 14h à 18h. Site web : lequipiere35.com