Jean-Marc Lévêque est directeur du développement durable chez Triballat Noyal et président du Synabio, le Syndicat des transformateurs et distributeurs de produits biologiques, organisation membre de IFOAM et membre organisateur du Congrès Mondial de la Bio 2021. Julie Boulard est la Directrice Opérationnelle du Congrès Mondial de la Bio 2021. En amont du Congrès Mondial de la Bio qui se tiendra du 6 au 10 septembre 2021 à Rennes, ils ont répondu à nos questions.
Comment est né le Congrès Mondial de la Bio ?
J.M LEVEQUE – L’évolution de l’agriculture et de ses pratiques au niveau mondial a fait émerger l’envie de communiquer et partager les expériences. En 1972, nous avons eu la volonté de créer une structure portant ces aspirations et d’apporter un cadrage réglementaire, pour permettre le développement des marchés et mieux comprendre les attentes des consommateurs. Et surtout, créer un événement fédérateur pour inspirer des changements positifs au niveau mondial. C’est ainsi qu’est né IFOAM en France le 5 novembre 1972 à Versailles, lors du premier Congrès international d’Agriculture Biologique de Nature et Progrès. Depuis, tous les 3 ans, les acteurs de l’Agriculture Biologique se réunissent lors du congrès mondial organisé par IFOAM-Organics International, en coopération avec une organisation de développement de l’Agriculture Biologique du pays hôte (en France, l’Agence Bio).
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Directeur du développement durable chez Triballat Noyal et président du Synabio.
La filière bio est en pleine croissance en France…
J.M LEVEQUE – La France compte 53 255 exploitants agricoles bio – soit 12 % des agriculteurs français – et 23 059 entreprises engagées en bio* (producteurs, transformateurs, distributeurs…) soit au total plus de 79 000 acteurs dans l’Hexagone. Certes, notre pays compte seulement 9,5 % de sa surface agricole en bio. C’est peu face au Danemark par exemple, beaucoup plus petit mais qui a 25 % de son territoire en bio. Mais cette surface a doublé en 5 ans et nous espérons arriver rapidement à ce niveau de transition agricole et alimentaire. Et cette croissance lente mais régulière nous permet toutefois de bien structurer la filière. (*Chiffres 2020 – Agence Bio)
Notons également qu’en France, production et consommation en bio vont de pair et c’est une chance : pour des questions de santé et environnementales, les agriculteurs des jeunes générations veulent changer de modèle et les consommateurs veulent changer leur mode de consommation. Il y a également un certain équilibre entre les différents circuits de distribution : vente directe et magasins fermiers, magasins spécialisés bio, artisans et commerçants, grande distribution…
Quels sont les enjeux d’un tel congrès pour le territoire breton ?
J.M LEVEQUE – Contrairement à d’autres régions dont la filière est composée de petits producteurs et d’un modèle basé sur le circuit-court, la Bretagne est plutôt une région d’agriculture historiquement intensive et industrielle. La filière bio y est dynamique et beaucoup d’acteurs souhaitent une transition. Il était donc important pour nous de montrer que la bio peut être une réponse à l’évolution de l’agriculture, quel que soit son passé, même industriel.
Au 1er janvier 2021, la Bretagne comptait 3 619 fermes bio soit 13,6 % des fermes bretonnes. 361 nouvelles fermes bio ont vu le jour au cours de l’année 2020, soit une croissance de 7,4 %. Dans la région, une installation aidée sur 3 se fait désormais en bio, dont 39 % par des femmes. Plus de 80 % des communes bretonnes comptent ainsi aujourd’hui au moins 1 ferme bio.
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A l’heure du « consommer sain », on parle de local, de circuit-court… Le terme bio n’est-il finalement pas trop restrictif ?
J.M LEVEQUE – Nous savons que beaucoup de producteurs locaux font du bio sans être certifiés, parce que trop petits ou trop de contraintes administratives… Mais avoir des partenaires certifiés au Congrès Mondial de la Bio nous apporte une garantie par rapport à la réglementation. De même, nous avons souhaité que l’activité principale de nos sponsors se fasse principalement dans la filière bio et non sur une petite partie de leur activité. Une chose est sûre : la bio est multiple et c’est une lame de fond au niveau international.
Julie BOULARD – Notre volonté est que le congrès soit ouvert à tous ceux qui souhaitent y assister et notamment les producteurs et acteurs en transition.
Parlez-nous de « Voyage en Terre Bio » qui fera le lien entre l’évènement et le territoire breton ?
Julie BOULARD – A l’occasion du Congrès, des événements labellisés « Voyage En Terre Bio » ont pour objectif d’élargir l’expérience des congressistes en leur permettant d’aller à la rencontre des paysans, chercheurs, entreprises du secteur bio, acteurs culturels et artistiques ou restaurateurs de la région. Les associations locales se sont fédérées pour organiser ce « Voyage en terre bio » et faire rayonner notre congrès à travers des marchés, des tablées, des parcours et des temps d’échange…
Pendant le congrès, l’opération « Les Lices aux trésors » prévoit 3 jours de marché gastronomique sous la Halle Martenot avec un lieu d’exposition/animation. Nous proposerons également aux congressistes un déjeuner le midi 100 % bio à l’aide des acteurs locaux de la restauration et de l’équipe du Couvent des Jacobins.
Agriculture bio en Bretagne : les chiffres 2020*
- Nombre de surfaces et opérateurs en bio : +8,9%
- Nombre de surfaces certifiées : +12%
- Surfaces certifiées et en conversion : +9,3%
- Part de la bio dans la SAU (Surface Agricole Utile) : 9,5%
- Part de fermes bio : 11,7%
- Nombre d’entreprises en bio : +10,7%
- + 5994 producteurs engagés en bio
- + 2704 entreprises engagées
- 79 018 opérateurs engagés en bio (fermes + entreprises) en 2020
- 200 000 emplois directs (ETP)
A noter que l’Ille et Vilaine figure au Palmarès des 20 premiers départements en agriculture bio en 2020.
(*Evolution de 2019 à 2020. Source : Agence Bio)
Consultez le programme détaillé du Congrès Mondial de la Bio 2021 et préparez votre venue à Rennes. Suivez également le Congrès Mondial de la Bio 2021 sur les réseaux sociaux via le hastag #OWC2021.
