Pourquoi une telle effervescence autour de la cybersécurité ?
Il est important de rappeler la réalité de la menace, l’enjeu est de se prémunir en amont de ce qui pourrait être un « Pearl Harbor cyber », comme l’a rappelé Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI. Au niveau national, on constate une volonté de l’ensemble des acteurs, de constituer un pack autour de la cybersécurité. C’est un ensemble qui doit comprendre à la fois un encadrement favorisant les bonnes conduites, des certifications de services et produits et l’optimisation des activités public privé qui travaillent à la conception de méthodes et produits permettant de contrer ces menaces.
Quel rôle entend jouer le territoire rennais ?
Notre volonté est de tout faire pour aider les acteurs de la cybersécurité du territoire rennais à travailler ensemble en concertation avec la Région Bretagne et l’ensemble des acteurs cybers bretons, ainsi qu’à travailler avec d’autres territoires en pointe sur le sujet, comme Paris, Lyon… D’où initiative commune avec le Comité Stratégique de Filière des industries de sécurité avec lequel nous avons noué un partenariat. Disposer d’une CyberTech, qui se décline à la fois sur le territoire et en réseau sur le campus rennais, est une volonté forte.
La cybervallée rennaise offre quels atouts ?
Le territoire rennais bénéficie d’un écosystème académique et industriel historique, à travers les télécoms implantées depuis plusieurs décennies. Il s’appuie aussi sur un écosystème de défense avec la Direction générale de l’armement Maîtrise de l’information, le ComCyber et le ComSic-ETRS (Commandement de la cyberdéfense et École des transmissions du ministère des armées). C’est dès la fin 2013 que la région Bretagne et le ministère de la Défense ont affiché la volonté commune de donner une déclinaison opérationnelle à la cybersécurité. Le Pôle d’Excellence Cyber était né. Sa création a lancé une véritable dynamique en matière de cybersécurité sur Rennes Métropole, plaque cyber du ministère des armées.
Face aux besoins de recrutement, une Cyber School verra le jour ?
Aujourd’hui, Rennes compte déjà 150 enseignants- chercheurs, experts dans tous les domaines de la cybersécurité, y compris en droit. Mais les besoins en recrutement d’experts sont tels que nous avons pour objectif a minima de doubler les effectifs d’étudiants. Rennes va pouvoir mettre en place une Cyber School, puisque les académiques ont remporté l’appel à projet école universitaire de recherche (EUR) à la rentrée 2019. Cette EUR vise à lier fortement formation et recherche en lien avec les industriels en rassemblant dans une même dynamique d’excellence universités, écoles et autres organismes. Et nous allons ainsi renforcer l’attractivité internationale de la recherche et des formations du bassin rennais.
Comment Rennes facilite-t-elle la concrétisation d’initiatives collectives en cybersécurité ?
En créant de la proximité, pour favoriser les échanges entre les divers acteurs de l’écosystème cyber, étudiants, chercheurs, industriels. Cela passera entre autres par le projet SMIB (Security made in Breizh), actuellement dans les tuyaux, qui vise à réunir physiquement ces acteurs académiques dans un lieu partagé et mutualiser les sujets de recherches, actions, ressources et forces en place. L’objectif est multiple : au-delà des travaux de recherche, c’est aussi accueillir les industriels et faire de ce lieu un hôtel à projets innovants à travers, par exemple, des laboratoires communs, des offres de stage, étendre la formation continue, accompagner la mise sur pied d’exercices d’attaque/défense…
C’est aussi faciliter le rapprochement entre verticales métiers et acteurs de la cybersécurité pour identifier des couples risques métiers/solutions. Dans ce cadre, Rennes Métropole ne se limite pas à aider les acteurs à se développer. En tant que « end user » elle échange avec la communauté sur ses enjeux autour de la smartcity et compte bien profiter de la richesse de cet écosystème pour être d’autant plus performant tant pour protéger ses systèmes que ses données.… De quoi attirer de nouveaux talents !
Propos recueillis par Valérie Dahm