Quels atouts du territoire une entreprise de la métropole rennaise peut-elle mettre en avant face aux candidats venus de Paris et d’une autre métropole ?
« Pour attirer les candidats hors Rennes Métropole, il faut travailler ses offres d’emplois pour y mettre en valeur la région. Cette dernière fait en effet partie de l’environnement de travail ‘élargi’. Dans cette optique, il y a plusieurs atouts à mettre en avant.
D’abord, le candidat doit être rassuré sur ce qu’il peut faire à Rennes, comment il va pouvoir s’intégrer. Pour répondre à cette préoccupation, il est nécessaire de mettre en avant la vie culturelle et sociale rennaise. Cinéma, théâtre, spectacles, concerts, festivals, restaurants… Les candidats parisiens sont très sensibles à cela et ont besoin d’être rassurés sur ce point. L’accessibilité de Rennes est également un grand atout : proche de Paris (1h25 en train), à taille humaine… On y perd beaucoup moins de temps qu’à Paris dans les transports. Tous ne savent pas que Rennes est dotée d’une ligne de métro et de bientôt deux. La ville est également très active en matière de transports doux comme le vélo. Quoiqu’on en dise, le prix de l’immobilier y est par ailleurs plus abordable qu’à Paris, même s’il a augmenté ces dernières années. Rennes est aussi une ville connectée. Fibre, 5G… C’est un atout indéniable pour le travail et en particulier le télétravail.
Globalement, l’Ouest est attractif pour les candidats parisiens, jeunes ou seniors. Attirer les candidats à Rennes est plutôt « facile » : lorsque nous avons un poste à proposer, le candidat écoute. Et en vérité, ces fameux « Parisiens » sont bien souvent des bretons ou des personnes qui ont fait leurs études ici qui souhaitent y revenir car la région est attractive, dynamique et son identité est forte. »
A contrario, qu’est-ce qui peut freiner un candidat tenté par un déménagement à Rennes ?
« En numéro 1, c’est l’emploi du conjoint. Cela reste un problème. Aussi, toute entreprise qui collabore avec une agence de relocation (E-Mobilia, Bretagne Mobilité Conseil, Ma Nouvelle Ville, En galère d’appart…) ou a mis en place un dispositif pour accompagner le conjoint de son nouveau collaborateur a un avantage certain. Et croyez-moi, les frais avancés comblent largement le coût d’un non-recrutement.
La question de la place en crèche revient régulièrement de la part des candidats parents, qui se demandent si l’employeur pourra leur en fournir une. La plupart du temps, ce n’est pas possible, et c’est plutôt compliqué à Rennes. Mais à cela, on peut opposer que c’est aussi le cas dans la plupart des grandes métropoles et également mettre en avant que Rennes fait partie des « villes du quart d’heure* », où toutes les activités essentielles et quotidiennes (se loger, travailler, se nourrir, aller à l’école, se soigner, se distraire…) sont accessibles en moins de quinze minutes de déplacement. » (*concept développé par le chercheur Carlos Moreno)
Y’a-t-il de nouvelles tendances dans les volontés des candidats ?
« Les préoccupations des candidats ont effectivement changé depuis la crise sanitaire, même si c’était déjà un peu le cas un peu avant. Aujourd’hui, les gens veulent un emploi qui a du sens et veulent travailler ‘quand et comme ils en ont envie’. Ils ont plus d’exigence en termes d’emploi du temps (recherche de temps partiel, de flexibilité…).
En d’autres termes, dans tous les métiers « télétravaillables », une entreprise qui ne propose pas 1 à 2 jours de télétravail aujourd’hui est clairement moins attractive.
On voit également des candidats demander à ce que leurs allers-retours hebdomadaires à Paris soient pris en charge, le temps qu’ils trouvent un logement à Rennes et/ou que leur famille s’y installe, voire demandent carrément que l’entreprise prenne en charge leur logement à Rennes ou une partie. Prise en charge du déménagement, société de relocation, voiture de fonction, voire vélo (électrique) de fonction… tout peut être pris en charge et négocié à l’embauche. Attention, il ne s’agit pas d’exigences absolues des candidats, juste d’une demande. Seulement, l’entreprise qui prendra en charge ces frais fera la différence. Et cela lui coûtera toujours moins qu’un non-recrutement qui peut durer de plusieurs mois à un an. C’est un calcul à faire ! »
On a l’impression qu’à l’heure actuelle, le candidat qualifié est clairement en position de force…
« Aujourd’hui, TOUS les candidats sont en position de force, qualifiés ou non ! Dans le numérique, le marché est plus que tendu : les ESN sont en recherche de candidats, tout comme les clients de ces ESN et également les startups. De plus, ce sont des profils de plus en plus attirés par le freelancing. Donc s’ils ne trouvent pas le poste qui leur convient, il leur restera toujours l’option « indépendant ».
Pour preuve, on assiste à un autre phénomène aujourd’hui : les candidats ne veulent plus de la période d’essai employeur (c’est-à-dire que le candidat bénéficie d’une période d’essai mais pas l’employeur). A Rennes, plusieurs entreprises le pratiquent comme la SAUR à Mordelles ou Néosoft, qui ne pratique pas de clause de mobilité géographique et pas de période d’essai employeur. »
Une offre d’emploi indiquant une fourchette de salaire peut-elle faire la différence ?
« Il y a beaucoup d’idées reçues sur le fait d’indiquer ou non le salaire dans une offre d’emploi. Ce n’est pas forcément une bonne idée. En réalité, tout dépend du profil. En indiquant le salaire, le recruteur peut fermer la porte à certains candidats alors qu’un salaire se négocie et dépend du profil que l’on a en face de soi. Un recruteur peut faire un effort supplémentaire s’il rencontre la perle rare. »
Qu’est-ce que les entreprises peuvent-elles mettre en place pour être plus attractives ?
« Déjà, faire appel au cabinet de recrutement Happy to meet you(rires) ! Pour une entreprise, être attractive aujourd’hui nécessite une remise en question en termes de fonctionnement – c’est-à-dire de flexibilité – et en termes d’avantages. Et ces derniers doivent être mis en avant sur le site web corporate, dans les offres d’emploi… Mais attention : au-delà du discours, il faut des preuves concrètes !
Pour soigner l’expérience candidat, on peut déjà mettre en place des choses simples et peu onéreuses, comme un taxi à disposition du candidat à la gare le jour de l’entretien par exemple. C’est une attention appréciée et c’est encore plus utile pour les entreprises de la métropole qui ne sont pas situées en plein centre de Rennes et qui du coup, paraissent moins accessibles quand on ne connaît pas le territoire. On peut également proposer au candidat de venir passer son entretien un vendredi ou un lundi et lui offrir de passer un weekend à Rennes pour découvrir la ville. Si sa famille le rejoint, il y a de fortes chances de transformer l’essai et qu’elle ait envie d’y emménager. » Autant dire qu’essayer Rennes, c’est l’adopter !