entraide

Femmes de Bretagne : « Quand je pense ‘entrepreneuriat’, c’est le mot ‘ensemble’ qui me vient à l’esprit »

Rencontre avec Elena Mañeru Izcue, Présidente de l’association Femmes de Bretagne.

Association créée en 2014 par Marie Eloy, Femmes de Bretagne compte aujourd’hui parmi les plus importants réseaux professionnels sur le territoire. Elena Mañeru Izcue, sa Présidente depuis 2020, nous parle de l’entrepreneuriat féminin en Bretagne et en France, de l’impact de la crise sanitaire et nous explique à quel point adhérer au réseau est bénéfique à tous les niveaux.

Quelle est la mission de l’association Femmes de Bretagne ?

Sa mission principale est de favoriser l’entrepreneuriat féminin : via des actions – comme la mise en réseau – permettant de sortir les femmes de la solitude et de rompre l’isolement. Cela se traduit aussi par le développement de compétences et l’entraide.

L’engagement du réseau envers les femmes prend différentes formes. Habituellement, nous organisons 500 ateliers par an, dans 70 villes de Bretagne. La mise en avant de rôles modèles, via une cinquantaine des portraits de femmes, entrepreneures ou non, participe également à casser les stéréotypes et déverrouiller les freins qui bloquent les femmes.

Femmes de Bretagne incite également ses membres à participer à des prix, à être visiblesNous sommes partenaires du Prix de la Résilience, du Prix de l’entreprise la plus inclusive et nous avons nous-mêmes lancé le Prix Eco-Visionnaires en lien avec le développement durable.

Elena Mañeru Izcue Femmes de Bretagne
Elena Mañeru Izcue, Présidente de Femmes de Bretagne (Photo Emmanuel Pain)

Comment a débuté votre histoire avec Femmes de Bretagne ?

Elle a démarré en 2016 par ma rencontre personnelle, lors d’une table ronde, avec Marie Eloy, fondatrice de Femmes de Bretagne. A l’époque j’étais directrice des Ressources Humaines de Digitaleo. Nous avons un véritable coup de cœur l’une pour l’autre. Marie m’a tout simplement proposé d’aider : d’abord sur des sujets RH, en tant que « breton solidaire », un statut proposé par l’association. Très vite, j’ai intégré le conseil d’administration puis je suis devenue co-présidente en 2018 et présidente fin 2020. Aujourd’hui, je suis vraiment ravie et très honorée de représenter cette belle association. C’est une énorme responsabilité !

Marie Eloy, qui garde aujourd’hui un œil bienveillant sur Femmes de Bretagne, a depuis créé Femmes des Territoires, une communauté de plus de 3000 entrepreneures hors Bretagne et Bouge Ta Boite, un réseau business féminin national pour entrepreneures.

Comment se porte l’entrepreneuriat féminin ?

Environ 40 % des créateurs d’entreprises individuelles sont des femmes, tous secteurs confondus (Insee). Si l’on considère l’ensemble des entreprises (micro-entreprises, EURL, EIRL, SARL…), seulement 30 % sont créées par des femmes. Et plus de 80 % des TPE ont moins de 10 salariés.

Les femmes ont encore du mal à aller chercher des financements et préfèrent se lancer sur leurs fonds propres. Pourtant, les statistiques montrent que les entreprises dirigées par des femmes sont plus rentables*…

(*Les entreprises dirigées par des femmes affichent en moyenne un excédent brut d’exploitation de 8,4 % contre 6,4 % chez les hommes. Leur chiffre d’affaires a augmenté de 5,5 % en moyenne, contre 4,8 % pour les entreprises dirigées par des hommes. Source : Palmarès Women Equity 2020)

A quel point a-t-il été impacté par la crise sanitaire ?

Les femmes entrepreneures ont été durement touchées à tous les niveaux : celui de l’organisation professionnelle, familiale… Elles ont dû tout assumer – le télétravail comme l’école des enfants – et notre société a malheureusement fait un grand bond en arrière. Ainsi, fin 2020, le constat est assez négatif. Simone de Beauvoir l’analysait très justement en disant : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question… ».

De notre côté, Femmes de Bretagne été très réactive et a su garder le lien avec ses membres, notamment en organisant 200 ateliers en ligne durant le confinement. L’association a également fait en sorte de rapidement transmettre toutes les informations à ses adhérentes concernant les différentes aides à disposition des entreprises.

« J’aimerai devenir membre de Femmes de Bretagne, mais j’ai peu de temps disponible… » Comment rassurer les femmes tentées de vous rejoindre ?

Adhérer au réseau, c’est déjà soutenir l’entrepreneuriat féminin ! L’engagement dépend de la volonté de chacune et de ses besoins. On peut accomplir de petites actions (donner son avis, répondre à une enquête sur un lancement d’activité, partager une information, ouvrir son réseau…) mais on peut aussi aller plus loin, en devenant coordinatrice bénévole sur son territoire.

L’association a pour vocation l’entraide, mais pas que. Elle apporte certes un soutien très concret aux femmes mais les aide aussi à monter en compétences. Le principal frein étant celui du financement, nous proposons par exemple, en partenariat avec la BNP, des ateliers pour préparer le rendez-vous avec son banquier. Et également des ateliers sur la préparation du business plan, sur la gestion comptable… Il est indispensable que les femmes maîtrisent les codes économiques.

Les porteuses de projet ont quant à elles accès à une cartographie complète des organismes d’aides à la création d’entreprise, ce qui leur permettra d’y voir plus clair. La difficulté n’est pas tant de trouver de l’aide, mais de savoir quelles sont les étapes à suivre.

En 2020, nous avons par ailleurs financé une formation pour nos coordinatrices, sur le thème de l’intelligence collective. Nous proposons aussi plusieurs temps forts dans l’année (assemblée générale, Prix Eco-Visionnaires, rencontres du Club des Entreprises qui soutiennent Femmes de Bretagne…).

Concrètement, comment adhérer à Femmes de Bretagne ?

Femmes de Bretagne est une association ouverte à TOUTES les femmes : que l’on soit entrepreneure, porteuse de projet ou « Breton solidaire ». Il est possible de devenir membre du réseau sous l’un de ces trois statuts pour une cotisation annuelle de 45 €.

L’inscription à l’association se fait via notre site internet www.femmesdebretagne.fr. Une fois inscrites, les membres ont accès à l’agenda des événements locaux (un ou deux par mois), à la newsletter avec les derniers portraits de femmes inspirantes. Nous communiquons également via les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Linkedin, Instagram).

Un mot sur l’entrepreneuriat pour conclure, vous qui êtes vous-même une « jeune » créatrice d’entreprise ?

La première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à l’entrepreneuriat, c’est le mot « ensemble ». Entreprendre nécessite beaucoup d’énergie, de compétences et d’implication, qui plus est, lorsque l’on a des enfants. C’est pourquoi nous avons toutes besoin d’être soutenues. J’encourage toutes celles qui souhaitent se lancer, cette expérience est tellement riche !

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