La jeune startup rennaise développe une solution capable de détecter très rapidement les malware. Une innovation unique en Europe qui intéresse beaucoup de monde, des entreprises au ministère des Armées.
Le risque cyber n’épargne personne. Les menaces de sécurité visent et inquiètent tout le monde, du particulier à la grande entreprise en passant par les services de santé et les états. Détruire les virus est essentiel. Encore faut-il les repérer au plus vite : c’est justement ce que propose GLIMPS. Créée par 4 ingénieurs passés par la Direction Générale de l’Armement (DGA), la startup commercialise une solution qui détecte, analyse et attribue les attaques informatiques via une technologie à base d’intelligence artificielle.
Une solution capable de conceptualisation
Comment ça marche ? Cyrille Vignon, président de GLIMPS, n’hésite pas à utiliser la métaphore du conte : « si je vous raconte l’histoire d’une jeune fille vêtue de rouge qui porte un panier, arrive devant une maison, demande si elle peut entrer, qu’une voix lui répond de pousser la porte, vous allez automatiquement penser au Petit Chaperon Rouge, même si les termes utilisés ne sont pas ceux du conte. Les capacités de conceptualisation de votre cerveau vous font comprendre qu’il s’agit de la même histoire. Si l’histoire du Petit Chaperon Rouge était un virus, un antivirus classique qui voudrait le détecter rechercherait uniquement les termes « Petit Chaperon Rouge » ou « petit pot de beurre », sans comprendre l’histoire. Grâce à l’I.A., notre antivirus conceptualise le code informatique ; il détecte les nouvelles versions des attaques, même si le malware se cache sous des options de compilation ou un langage différents, ce qui correspondrait à des mots distincts décrivant la même histoire. »
Le top de l’innovation civile à la Cyberdéfense Factory
GLIMPS a été la première entreprise à s’installer en janvier dans la Cyberdéfense Factory, l’incubateur de startups inauguré il y a quelques mois par Florence Parly, la ministre des Armées. Créé par la DGA, lié à l’Agence de l’innovation de défense, ce plateau collaboratif est destiné aux jeunes pousses de la cyberdéfense ; elles y seront accélérées entre 6 à 12 mois. En captant les technologies civiles innovantes, l’objectif de la DGA est « de maintenir une dynamique d’innovation pour mieux anticiper l’évolution de la menace cyber et faire face aux défis futurs. »
La Courrouze, quartier numérique
Le bâtiment est situé non loin du Comcyber (commandement militaire de la cyberdéfense) rennais, au cœur d’un quartier qui accueille de nombreuses startups, le Village by CA, La Fabrique, La Ruche by Thales… Pour le plus grand plaisir de Cyrille Vignon : « il y a à la Courrouze un écosystème dynamique, une émulsion et des échanges entre acteurs de la cybersécurité. On se rencontre, on déjeune ensemble…Je retrouve l’ambiance que j’ai connue lorsque je travaillais à San Diego, en Californie. C’est stimulant. »
Un déploiement rapide
GLIMPS va bientôt expérimenter ses solutions auprès de grands groupes. « Nos stagiaires arrivent en avril, nous sommes prêts », dit le président. Une solution en ligne est en préparation et des conférences vont être programmées « pour nous faire connaître à l’étranger, notamment en Allemagne, au Japon et aux USA. » Les trois premiers recrutements sont prévus en septembre. « Trouver les bons profils n’est pas simple, c’est le problème de toutes les entreprises, mais on a un beau réseau et on profite de la visibilité qu’on a eue, en remportant par exemple le prix du public Cyber Pitchs lors de la dernière European cyber week organisée à Rennes, explique Cyrille. On compte aussi sponsoriser le BreizhCTF pour nous faire connaître auprès des jeunes. »
GLIMPS aurait-elle détecté le COVID-19 s’il avait été un virus informatique ? « Sans doute, affirme Cyrille Vignon, mais chacun son métier ! Comme dans toutes les entreprises, nous sommes contraints de changer notre mode de fonctionnement, en espérant que la crise ne dure pas trop longtemps… »