Defants au FIC Montréal 2022

« À Rennes, j’ai pu me reconvertir dans le numérique »

Avant de fonder une entreprise de cybersécurité et d'en devenir directeur général, Thomas Raffineau Maréchal était poissonnier.

Un BEP vente d’animaux de compagnie peut mener à tout. Thomas Raffineau Maréchal, 36 ans, en est la preuve. Le cofondateur de la startup rennaise Defants revient sur son parcours et la vie qu’il mène aujourd’hui à Rennes. Histoire d’une reconversion atypique et réussie.

News : la start-up rennaise Defants lève 2 millions d’euros. Lire l’article de Bretagne Economique.


Tout part donc d’un BEP vente d’animaux…

Eh oui ! J’ai grandi à Betton, près de Rennes, et l’école ne me « branchait » pas vraiment. J’ai passé un Bac, enchaîné sur un BTS technico-commercial que je n’ai pas terminé : en quête d’une alternance pour ma 2e année, j’ai eu une proposition de CDI que j’ai acceptée. Je suis devenu responsable d’un rayon poissonnerie chez Système U, puis j’ai fait les marchés à Nantes, Paris et Rennes. En 2016, je me suis gravement blessé lors d’un match de basket. J’ai été arrêté un an, sans espoir de pouvoir continuer à exercer mon métier pour lequel j’ai été déclaré inapte. Il a fallu que je fasse le deuil de cette vie, que je trouve une nouvelle activité, une nouvelle motivation, avec seulement un bac en poche.

Thomas Maréchal Defants cyber
Thomas Maréchal, cofondateur de la startup rennaise Defants

Pourquoi vous être tourné vers le digital ?

J’ai tapé dans mon moteur de recherche « métiers qui recrutent » et « métiers les mieux payés » : le numérique en faisait partie. Ça tombait bien, j’ai toujours eu un côté geek, une appétence pour l’informatique, le développement. L’ENI, une école informatique située à Chartres-de-Bretagne, proposait un cursus idéal pour moi. J’ai postulé et j’ai été retenu.

Êtes-vous satisfait de vos années de formation dans cet établissement ?

L’ENI m’a vraiment accompagné dans ma transition, avec des formateurs au top et un enseignement de qualité ; l’école met des PC à disposition des élèves, on a accès à la bibliothèque numérique ENI… C’est important quand on n’a pas de gros moyens financiers. Après deux ans de formation, j’ai obtenu le titre « Concepteur Développeur informatique », l’équivalent d’un Bac+4. J’ai ensuite intégré l’IMIE (Institut de la Filière Numérique) à Bruz et obtenu un Bac+5 « Ingénierie et Management du Système d’Information » (IMSI). Je dois beaucoup à l’ENI, à qui j’essaie de renvoyer l’ascenseur : en novembre dernier, j’ai ainsi été jury pour le titre professionnel Bac+5.

Vous avez intégré Orange Cyberdéfense en tant qu’alternant, puis poursuivi par un CDI : vous pouvez nous en dire plus ?

J’ai commencé chez Orange Cyberdefense en recherche & développement. J’y ai rencontré François Khourbiga, avec lequel j’ai ensuite cofondé Defants. Travailler avec lui et cette équipe a été super. L’année suivante, toujours alternant, j’ai rejoint avec bonheur l’équipe d’Ethical Hacking. J’ai accepté un CDI, jusqu’à ce que François me propose de tenter l’aventure de la création d’entreprise. Nous avons créé Defants en août 2021, bientôt rejoints par Maxime Lebreton qui apporte une expertise financière.

Defants au FIC Montréal 2022
Defants au FIC Montréal 2022

Defants, c’est quoi exactement ?

C’est une société d’édition de logiciels de cybersécurité qui aident les analystes à identifier et comprendre les cyberattaques de manière réactive et proactive. Elle emploie 10 personnes, dont deux en reconversion professionnelle. Nous souhaitons réaliser une levée de fonds en début d’année prochaine qui devrait nous permettre de doubler le nombre de nos collaborateurs d’ici la fin 2023, essentiellement dans le domaine commercial et de la communication. Notre objectif ? Être leader européen des solutions d’investigation numérique et de réponse aux incidents DFIR – Digital Forensic and Incident Response – d’ici 3 ans.

Être rennaise est une chance pour une entreprise comme Defants ?

Assurément. Rennes est le berceau de la cybersécurité et monte en puissance. Nous y sommes vraiment bien accompagnés. Contacter le Poool à nos débuts a été la meilleure décision de notre vie d’entrepreneurs ! C’est grâce à cette structure que nous avons intégré l’incubateur régional Emergys, puis l’incubateur national Cyber Booster. Il y a peu, nous participions avec ses membres à la Digital Tech Conference, au Couvent des Jacobins. Ils sont toujours bienveillants et de bon conseil. On vient d’établir avec eux une feuille de route pour aller chercher les aides où il faut, quand il faut. On a récemment bénéficié d’un accompagnement RH pour identifier les postes à créer et générer les fiches de poste. Citédia, qui gère Digital Square où Defants est hébergée, nous épaule également. On apprécie les cyber breakfasts mensuels organisés par BDI (Bretagne Développement Innovation). On a pu participer à la première édition nord-américaine du Forum International de la Cybersécurité (FIC), en novembre dernier, sous l’impulsion de Bretagne Commerce International (BCI), avec sept entreprises bretonnes de la cyber. Un tel déplacement a beaucoup d’avantages, dont celui de créer des liens entre les participants. Nous allons ainsi travailler avec Glimps sur la mise en place d’un connecteur entre nos solutions.

La vie à Rennes, c’est comment ?

J’ai redécouvert la ville où il fait bon vivre après 10 ans d’absence. Le centre où j’habite est toujours animé, je ne me déplace plus qu’en vélo ou en métro : la ligne B est géniale pour aller au bureau, à Cesson. Elle nous permet aussi de rejoindre rapidement le O’Connell’s Irish pub, qui abrite nos afterworks au coeur de Rennes !

(Propos recueillis par Béatrice Ercksen)

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