En 2020, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), en partenariat avec Syntec Numérique, publiait son Panorama des métiers de la cybersécurité. Une cartographie des compétences pour les entreprises qui recrutent comme pour les candidats en recherche de formation ou d’emploi. Fin 2021, dans le cadre de l’Observatoire des métiers de la cybersécurité, l’ANSSI a poursuivi ses travaux sur la thématique des « Profils de la cybersécurité », avec une étude sur le marché de l’emploi (marché ouvert) et le lancement d’une enquête en ligne auprès des professionnels de la cybersécurité, un projet soutenu par la délégation générale à l’Emploi et à la Formation professionnelle. Objectif : mieux connaître l’état du marché de l’emploi en cybersécurité à partir de données concrètes : l’agrégation d’offres d’emploi publiées sur le net (sites d’entreprise et sites d’offres d’emploi).
Avec 2 381 répondants, les résultats ont permis de tirer des premiers enseignements et de dégager les principales caractéristiques des professionnels de la cybersécurité ainsi qu’un profil type.
Qui sont les professionnel(e)s de la cyber ?
Le profil type en cybersécurité ? Un homme jeune (entre 30 et 49 ans), Bac+5, issu du numérique, travaillant en Ile-de-France avec moins de 10 ans d’expérience. Le secteur est donc dynamique, mais il n’est toutefois pas caractérisé par sa diversité et peine cruellement attirer les femmes.
Les 3 profils les plus recherchés par les employeurs représentent 51,6 % des offres d’emploi. Toutefois, il est nécessaire de relativiser puisque le recours au marché caché est très fort dans le domaine de la cybersécurité.
Des profils très recherchés et « chassés »
Le mode de recrutement (dans leur emploi actuel) des professionnels répondants est marqué par un fort recours au marché caché (réseaux professionnels, approche directe, candidature spontanée…) avec 56 % de l’ensemble des répondants ont été recrutés via le marché caché. Ce chiffre atteint les 67,5 % dans les structures spécialisées en cybersécurité. Seulement 29% des répondants ont été recrutés après avoir répondu à une offre d’emploi.
L’approche directe des professionnels par les recruteurs est une pratique généralisée : 81 % des professionnels déclarent avoir été approchés directement au cours des deux dernières années. Cette pratique est encore plus répandue s’agissant des professionnels diplômés et/ou certifiés en cybersécurité (92 % contre 71 % pour les non diplômes, non certifiés).
Les modes de recrutement se distinguent également selon le lieu d’exercice de ces derniers. En Île-de-France, 63,8 % des répondants ont été recrutés via le marché caché et 22,6 % via une annonce ou un concours. En région, la proportion est de 47,2 % via le marché caché contre 36 % via une annonce ou un concours.
Des professionnels très qualifiés
Les professionnels sont principalement issus d’environnements techniques : cybersécurité et informatique pour 88 % d’entre eux. Ils sont aussi très qualifiés, puisque près de 75 % de niveau ont un niveau Bac+5 et plus et 53,4 % ont un diplôme et/ou une certification dans le domaine de la cybersécurité. Le domaine de la cybersécurité se caractérise également par une forte intégration de nouveaux profils. En effet, près de 45 % des répondants ont 5 ans et moins d’expérience en cybersécurité.
Pour maintenir à jour leurs compétences et se former, le recours à la formation continue est cité par 32,2 % des répondants. Ces derniers utilisent par ailleurs largement la veille, les réseaux professionnels (cité par 87 % d’entre eux) et l’autoformation (cité par 84,6 %). Seule un peu plus de la moitié des répondants (55 %) déclare connaître l’offre de formation en matière de cybersécurité. Cette proportion tombe à 43,2 % pour les professionnels ne détenant ni diplôme ni certification en cybersécurité. Toutefois, les trois quarts déclarent que l’offre de formation dédiée à la cybersécurité répond plutôt à tout à fait à leurs besoins.
Des experts satisfaits et proactifs
Selon l’étude de l’ANSSI, 89 % des professionnels se déclarent satisfaits de leur travail (« satisfait » et « tout à fait satisfait »). S’ils se disent stressés (13 % trouvent leur travail très stressant et 50 %, « stressant »), ils adoptent majoritairement une stratégie de maintien dans leur métier. Une bonne nouvelle pour les employeurs du secteur, qui manquent de compétences et peinent à recruter, notamment à Rennes, où la concurrence est rude.
De même, si ces actifs sont globalement épanouis dans leur travail, les entreprises qui les emploient doivent être vigilantes sur leur besoin d’évoluer dans leur carrière. Leur stratégie professionnelle se caractérise par un fort souhait de développer ses compétences (86 %), ce qui peut également passer par un changement de poste au sein même de leur structure (53 %) mais aussi par un changement d’employeur (62 %).
La métropole rennaise concentre déjà plus de 2600 emplois et 70 entreprises en cybersécurité. Entre les annonces du commandement de la cyberdéfense ComCyber (1000 recrutements annoncés en 2019, 770 lors du FIC), l’ANSSI (200 d’ici 2025) et la DGA-MI (1000 pers d’ici 2023), on dénombre près de 3000 recrutements prévus en cybersécurité d’ici 2025, et c’est sans compter les besoins des entreprises privées installées sur la métropole. L’écosystème dans son ensemble – armée, groupes industriels privés, entreprises, startups – recherche des compétences, épaulé par le Pôle d’Excellence Cyber.
- Du 16 au 18 novembre 2021, ne manquez pas la European Cyber Week au Couvent des Jacobins de Rennes. Un forum du recrutement y sera organisé.
